💟 Pour les enfants et les adultes, voici un livre support qui instaurera aussi le dialogue : 
💓 Ce que dit l'auteur de ce livre : « Je ne te connais pas, je ne sais pas qui tu es ni quel âge tu as .
7 ans, 12 ans, 17 ans ?... Beaucoup plus ? Peut-être es-tu très triste ?
Triste comme jamais car tu viens de perdre quelqu'un que tu aimes
beaucoup ou un animal qui tenait une place énorme dans ton cœur. Ou
bien alors, peut-être as-tu simplement très peur que ces moments
difficiles arrivent un jour ? Peut-être aussi que la seule idée de
mourir t'est insupportable ? Je suis pourtant certain d'une chose :
quand tu sauras ce que raconte ce livre, tu auras beaucoup moins peur de
la mort et tu seras déjà un peu moins triste à la simple idée de perdre
celles et ceux que tu aimes. Dans cet ouvrage, le Dr Jean-Jacques
Charbonier s'adresse aux enfants de tous âges pour leur expliquer la
mort, la vie et la vision qu'il en a. Son propos vise également à aider
les adultes à parler de la mort aux enfants, mais aussi à leur proposer
une façon de comprendre ce qu'est la mort et à envisager la vie ? leur
vie ? différemment.»
💟 Ce que dit Isabelle Filliozat :
On dit que les enfants n’acquièrent l’idée de la non
réversibilité de la mort qu’aux alentours de neuf ans. Ce n’est pas une
raison pour leur raconter des fadaises.
Il est rare de passer les dix premières années de sa vie sans
expérimenter la mort d’un être plus ou moins cher à nos cœurs. Le décès
d’un poisson rouge, d’un chien, d’une grand mère, d’une copine de
l’école, d’un ami des parents, d’un frère ou d’une sœur, ou même d’un
parent peut survenir. Que dire ? La vérité ! –
Pour autant, dire la vérité ne signifie pas dire asséner brutalement
aux enfants une réalité qu’ils ne pourraient assimiler ni leur infliger
des images violentes.
Les enfants sont témoins de nos propres émotions d’adultes et ils
“sentent” ce qui se passe en nous. Il est donc inutile, même néfaste, de
leur cacher quoi que ce soit. Isabelle Filliozat écrit que quelque
chose de caché, de secret, fait bien plus peur que quelque chose qui est
dit et peut être abordé sans tabou. La vérité fait toujours moins de
mal que le mensonge, même quand elle est très douloureuse à entendre.
Isabelle Filliozat propose une approche basée sur les émotions et le niveau de développement de l’enfant :
- parler de ce qui s’est passé tout en restant attentif aux images mentales que l’enfant peut se faire dans sa tête,
“Aujourd’hui, quelque chose de triste s’est passé. Pedro, le shetland
bai, est mort. Il s’est battu cette nuit avec d’autres. Il a reçu un
coup de sabot sur la tête au mauvais endroit. Il en est mort.
Parfois, il y a des événements joyeux, parfois des événements
tristes. Ici on a des naissances, mais aussi des morts. C’est la vie.”
- poser des questions sur ce que l’enfant imagine
(l’émotion pouvant mettre un “filtre” devant les oreilles, il est
possible que les enfants déforment les paroles et se construisent des
croyances fausses comme le fait d'associer la mort au ciel et de
développer une phobie de l’avion par exemple),
- permettre à l’enfant d’évoquer le décès plusieurs fois
: raconter son vécu, son imaginaire; poser toutes les questions qui lui
viennent à l’esprit, même celles qui peuvent paraître saugrenues,
- écouter
sans juger les émotions et corriger les interprétations seulement quand
c’est nécessaire (interprétation erronée ou images trop violentes),
“Vous avez le droit de pleurer. Pour ceux qui le désirent, nous irons
voir le poney par petits groupes. Ceux qui n’ont pas envie de monter et
préfèrent rester le veiller peuvent le faire ce matin, le corps sera
emporté à midi.”
- expliquer les circonstances du décès : les
motivations de la personne qui s’est suicidée, les conditions de
l’accident, les causes de la maladie. Les enfants peuvent se sentir
responsables de ce qui arrive à leur entourage : il est important de
leur répéter qu’ils n’y sont pour rien et qu’ils ont le droit de sentir
toutes les émotions (colère, peur, tristesse…). C’est la non réponse aux
questions des enfants qui est source d’angoisses chez eux.
- permettre aux enfants de voir (s’ils le désirent)
un animal mort/ une personne morte leur permet de ressentir la peine
légitime qui les envahit, de prendre le temps de dire adieu et de se
rendre compte avant son départ qu’ils ne le reverront jamais.
Certains enfants auront envie de laisser une offrande, un cadeau (une fleur, un dessin…) mais rien ne doit être imposé.
La mort d’un proche ou d’un animal domestique est l’occasion de
parler de la mort éventuelle d’autres personnes que les enfants aiment.
Les réassurances excessives ont le même effet que le fait d’éluder les
questions des enfants : les enfants sentiront les résistances et les
peurs des adultes et risquent de développer des angoisses, des phobies.
Par ailleurs, mentir ou “arrondir” la vérité affaiblit la confiance que
les enfants portent aux adultes. La confiance naît de la sincérité des
échanges, d’autant plus que notre communication non verbale nous trahit
quand nous mentons. Plus nous mentons, moins les enfants nous font
confiance, moins authentiquement ils nous parleront en retour.
Une phrase de ce type “Je ne vais pas mourir et toi non plus.
Seulement les personnes vieilles meurent.” engendrent des interrogations
chez les enfants car ils savent bien que de jeunes personnes peuvent
mourir d’un accident ou d’une maladie.
La vérité sur la nature mortelle du vivant est moins angoissante
parce que les enfants peuvent en parler librement, se repérer, poser les
questions dont ils ont besoin pour comprendre, identifier et faire du
sens.
💟 comment parler de la mort avec les enfants et les adolescents ?
voici l'éclairage de Dr Patrick Ben Soussan, psychiatre,
responsable du département de psychologie clinique de l’Institut
Paoli-Calmettes – Centre Régional de Lutte contre le Cancer PACA
(Marseille). Il est notamment co-auteur de L’enfant face à la mort d’un proche (Albin Michel, 2006).
Les enfants éprouvent en leur corps et au fondement même de
leur sensibilité naissante tout ce qui se « trame » dans la famille, ce
qui s’y joue, qui y vit et qui y meurt
Quand on est confronté à un événement d’une intensité émotionnelle et
affective particulièrement forte, comme ce qui touche à tous les sujets
de la vie, il faut en parler avec vérité, attention et bienveillance.
Il ne faut surtout pas attendre qu’un drame survienne pour aborder une
discussion sur le thème de la mort. Nous pouvons nous saisir de tant
d’occasions : un moustique qu’on écrase, un animal qui meurt, ou même
des feuilles qui tombent… Nous pouvons aussi mettre nos enfants au
secret, leur cacher les éléments les plus graves, ne rien leur dire.
Nous pouvons les exclure, sans nous rendre compte de la teneur exacte de
nos gestes, de nos silences, de ce qui rassemble toute la famille. Nous
pouvons faire en sorte qu’ils soient absents de ces grands cérémonials
de la vie, quand bien même ils concernent la mort. Et pourtant les
enfants éprouvent en leur corps et au fondement même de leur sensibilité
naissante tout ce qui se « trame » dans la famille, ce qui s’y joue,
qui y vit et qui y meurt. Il faut aider les parents à parler à leur
enfant de leurs émotions, de leurs limites, de leurs questions sur
l’aujourd’hui et le demain, de leurs doutes de leurs espoirs. Mais
voilà, il est si difficile de parler de la mort avec un enfant.
Les mots ne tuent pas et il faut arrêter de surprotéger les enfants ou les mettre sous cloche
La mort fait partie de ces grandes questions taboues dans le dialogue
avec les enfants ; comment parler de ce qui fait peur, comment dire ses
angoisses face à la finitude ? Parler de la mort pour un adulte revient
à penser à sa propre disparition et les parents sont persuadés que
parler avec son enfant de ce qui fait mal risque fort de le traumatiser à
vie. Mais les mots ne tuent pas et il faut arrêter de surprotéger les
enfants ou les mettre sous cloche. Nous devons les préparer à affronter
épreuves et difficultés. C’est pourquoi, très tôt, les parents doivent
parler de tout ce qui fait la vie. Et parler de la mort, c’est parler de
la vie. Cela fait partie des questions existentielles, fondamentales
dans le développement d’un enfant. N’oublions jamais l’appétit de
curiosité des enfants, leur soif de savoir et de comprendre !
Comment lui en parler ?
« Maman est partie en voyage », « Ton frère est dans les étoiles », «
Papi s’est endormi »… Lorsque cela arrive, il ne faut pas chercher à
employer le bon mot ou à trouver une belle image. Il faut se mettre à la
portée de l’enfant et lui donner des éléments de compréhension. Mieux
vaut dire les choses clairement, simplement. Il faut dire la vérité,
telle qu’elle est, « brute de décoffrage » comme on dit. L’enfant est
accessible à ce genre de vérité, et ce, dès le plus jeune âge. Des
images comme « papa est parti pour un long voyage, maman est montée au
ciel, ton frère est dans les étoiles, papi s’est endormi pour toujours »
n’ont pas de sens pour un enfant. Que de fadaises et de pieux mensonges
nous racontons parfois aux enfants… Ce n’est pas parce que l’on est
face à un enfant que l’on doit économiser notre parole, notre
intelligence et notre créativité. Leur dire « il ne pourra plus faire la
course avec toi » ou « tu ne le verras plus » ou « ses câlins vont nous
manquer » aura plus de résonance. Chaque enfant est capable d’entendre
ce qu’on lui dit et de l’interpréter avec son niveau de connaissances et
de développement. Il n’y a aucun interdit sur la parole, même si on ne
dit jamais tout. On bricole plutôt avec la vérité. De la même manière,
rien ne sert à un parent de feindre ou de se cacher pour pleurer, comme
s’il importait de ne rien montrer de ses émotions et de sa douleur aux
enfants. Bien au contraire, partager ses ressentis est primordial. De
toute façon, il n’y a pas de « bonne façon » d’annoncer des mauvaises
nouvelles. Il faut accepter qu’on n’est pas là pour faire un exercice de
communication même bienveillante, essayer d’être le plus vrai possible
et savoir que de toutes façons nous aurons d’autres moments où dire,
échanger, parler, pleurer, ensemble. Ne jamais oublier que la souffrance
qui n’a pas pu se dire grandit avec soi.
Qui doit annoncer la mort d’un proche à l’enfant ?
Un proche bien entendu, si cela est possible. Il faut vraiment
prendre en compte celui qui annonce cette nouvelle. Il est extrêmement
difficile de dire ces choses. Surtout à un enfant. Surtout si on est le
parent survivant. La relation entre le parent survivant (si le défunt
est l’autre parent par exemple) et l’enfant est toujours à prendre en
compte. Celui qui dit doit trouver des soutiens personnels pour l’aider
dans la transmission de ce message. Le contexte dans lequel l’annonce
est faite à l’enfant est fondamental, le lieu, le moment de la journée,
ce qui se passait alors, les personnes présentes.
Les enfants réagissent différemment face à la mort, comment analyser ces comportements ?
Chaque enfant réagira différemment, à l’annonce d’un décès, en
puisant selon sa personnalité et la dynamique familiale. Pour le petit
enfant, les proches représentent une sécurité, une protection, et si
l’un d’eux disparaît, il ressent alors une profonde détresse. Confronté
au deuil, l’enfant hésite entre hypermaturité et tendances régressives,
conduites résignées et conduites impulsives, volontarisme et abattement,
besoin de pouvoir et culpabilisation. Tout enfant est animé à l’égard
de ses proches de sentiments ambivalents, d’autant plus à l’égard de
ceux qui viendraient à décéder. Il peut être triste, abattu, renfrogné,
mutique, mais aussi témoigner d’une véritable colère, pleine
d’agressivité envers celle ou celui qui n’est plus présent physiquement
et ce comportement induit souvent incompréhension et rupture de
communication.
Il est faux de penser qu’un enfant confronté à la mort d’autant d’un de ses proches, sera un adulte malheureux
Quand les difficultés durent, il faut s’inquiéter de l’isolement, de
la rupture des intérêts, des passions, des liens, il faut être attentif
au sommeil, à l’appétit, aux résultats scolaires. Il faut aussi savoir
que quand la mort touche une famille, quand un des membres de la famille
tombe malade, puis décède, l’enfant est parfois promu enfant-soignant,
thérapeute, consolateur. Il se prend en charge, mais prend aussi en
charge son parent, voire les autres membres de la fratrie…Il se vit
parfois responsable de tout ce qui vient d’arriver, est intimement
persuadé qu’il y est pour quelque chose, voire pour beaucoup et peut se
morfondre longtemps dans cette culpabilité qui l’inhibe, l’entrave,
l’empêche de grandir et de vivre. Mais il est faux de penser qu’un
enfant confronté à la mort d’autant d’un de ses proches, sera un adulte
malheureux tout comme de penser que les enfants peuvent traverser ces
drames sans heurts. L’épreuve a été et rien ne pourra l’effacer. Il faut
donc prendre le temps d’écouter ce que les enfants nous disent, ils ont
à être reconnus dans leur parole et leur douleur.